La fin de l’univers, aussi glaciale qu’inéluctable, n’est plus seulement matière à science-fiction ou à grandes angoisses existentielles de minuit : la science vient de confirmer un scénario qui a de quoi donner le vertige. Accrochez-vous, car le voyage au cœur du néant s’annonce fascinant… et un brin déprimant !

Vers le crépuscule cosmique : le déclin déjà amorcé

Cela peut paraître dur à avaler, mais si l’on choisit comme baromètre la naissance d’étoiles, notre univers a déjà entamé sa descente. Son apogée, ce point de non-retour, a été atteint il y a environ 10 milliards d’années. Depuis ? Ce n’est qu’une longue glissade. L’expansion de l’univers, qui ne prend jamais de pause café, se poursuit inexorablement, pendant que la quantité de matière, elle, reste sur le même mode : constante. Résultat ? Les étoiles qui souhaitent voir le jour peinent de plus en plus à faire leur nid. Elles sont condamnées à naître de plus en plus isolées, dans cette vaste immensité.

Pour accoucher d’une étoile, il faut réussir à comprimer une modeste masse de matière. Or, plus l’univers s’étire, plus ce petit miracle devient rare. Et le pire… c’est que rien ne va s’arranger. Un jour, dans environ 1 000 milliards d’années (ou 1012 ans pour ceux qui aiment les zéros), la toute dernière étoile allumera sa flamme… avant de s’éteindre, laissant la place au noir total. Dans 100 000 milliards d’années (1014 ans), la dernière lumière elle-même tirera sa révérence. Rideau.

L’univers qui s’éparpille : l’isolement à grande échelle

Cerise sur le gâteau (sans gâteau) : l’expansion de l’univers ne ralentit pas, bien au contraire. Elle s’accélère ! Certaines galaxies, que l’on peut encore admirer dans nos télescopes, vont finir tout simplement par disparaître de notre champ de vision. Actuellement, ce que nous observons, c’est la lumière généreusement envoyée par ces galaxies lorsqu’elles étaient bien plus proches de nous. Hélas, la lumière qu’elles émettent aujourd’hui-même ne nous parviendra jamais, condamnée à errer dans l’obscurité cosmique.

À très long terme, il ne nous restera plus que le Groupe local de galaxies, un club restreint composé de la Voie lactée, d’Andromède et d’une soixantaine de galaxies fidèles, liées à nous par la gravité. Le reste ? Totalement hors de portée. L’univers, pour nous, se réduira à ce mini-archipel perdu dans l’infini. Puis lui aussi finira par se dissoudre, ou s’auto-consommer (oui, l’univers fait dans l’autodévorant), plongeant le tout dans une obscurité totale. Prévoyez d’attendre 1020 ou 1030 ans : même pour une mauvaise nouvelle, c’est loin.

L’ère de la dégénérescence : un horizon bien sombre

Mais avant que tout ne disparaisse, la mort de la dernière étoile marquera le début d’une ère nouvelle : celle de la dégénérescence. Cette longue, très longue époque – environ 1 milliard de milliards d’années (1018 ans) – ne fera pas dans le glamour. Les planètes, astéroïdes, comètes et débris survivront, mais privés de chaleur, sans la moindre étincelle d’espoir. Une glaciation, version extrême.

Peu à peu, tout va s’effriter, atome par atome. Au point qu’après 1065 ans (oui, ce chiffre est si grand qu’il défie les dictionnaires), il n’existera plus aucun objet dont on pourrait se vanter à une soirée cosmique, même pas une pierre tombale d’astéroïde. Les trous noirs eux-mêmes ne feront pas mieux à la longue : grignotés par le rayonnement de Hawking, ils s’évaporeront, croyez-le ou non, jusqu’à disparaître au bout de 10100 ans (légendaire « googol » d’années) !

Le grand silence : la mort thermique et l’après

  • L’univers sera alors peuplé de particules isolées.
  • Les protons, peut-être derniers vestiges, finiront inéluctablement par se désintégrer, dans les parages de 10200 ans.
  • L’énergie noire règnera en maître sur une toile cosmique en expansion, mais parfaitement stérile.
  • La thermodynamique dira « stop » : il n’y aura plus aucun mouvement, aucune vie, pas même la moindre activité suspecte d’électron au fond d’un recoin sombre.

À la toute fin, ce qui restera atteindra un équilibre thermique absolu. Température frisant le zéro absolu (mais sans jamais l’atteindre, suspense oblige), disparition de toute forme de vie : rideau final, et cette fois, pas de rappel.

La suite ? Nul ne sait vraiment. Nouveau Big Bang ou phénomène aussi inattendu que spectaculaire ? On n’a plus qu’à patienter… en se consolant avec une tasse de café chaud et en savourant chaque lever de soleil, tant qu’il y en a encore !