Découverte extraordinaire : l’ADN d’une population humaine inconnue vieux de 25 000 ans bouleverse notre vision du passé
Des sédiments poussiéreux à la révolution de notre arbre généalogique : voilà comment une équipe de chercheurs vient de bouleverser la vision que nous avons du passé humain ! Grâce à un peu de patience, une pincée de high-tech bon marché et une louche de sol georgien, ils ont extrait les secrets bien cachés d’une population disparue… Maniaques du ménage, ne lisez pas la suite.
Des os, du flair… et du sol : la (nouvelle) quête de l’ADN ancien
Jusqu’il y a peu, l’analyse de l’ADN ancien relevait du challenge (et d’un certain sens de l’aventure archéologique). Traditionnellement, les chercheurs comptaient principalement sur les os humains ou animaux relativement intacts pour espérer extraire, peut-être, quelques précieuses bribes de matériel génétique. Encore faut-il que ces os aient traversé les millénaires sans finir en miettes, puis il faut les retrouver, les prélever… et prier un peu !
Mais bonne nouvelle : il existe plus d’une façon d’épousseter le passé. Une équipe internationale, menée par le biologiste évolutif Pere Gelabert et l’archéologue Ron Pinhasi (Université de Vienne), a préféré écarter balais et pelles, et s’intéresser directement au sol de la grotte de Satsurblia, en Géorgie. Objectif : traquer de l’ADN environnemental préservé dans les sédiments.
Quand la terre parle : la découverte d’une humanité inconnue
Leur moisson fut spectaculaire. À partir de six échantillons de sol, minutieusement passés au crible, les scientifiques ont isolé de l’ADN mitochondrial. Pas de panique si le mot vous donne le vertige : il s’agit d’une forme d’ADN provenant de la “centrale énergétique” des cellules, souvent fidèle à travers le temps. Fragmentaire et incomplet, certes, mais en recollant méticuleusement les morceaux, l’équipe a réussi à extraire différentes histoires du passé, dignes d’un roman aux multiples intrigues.
- D’abord, celle d’une femme ayant vécu il y a 25 000 ans, à l’époque de la dernière glaciation. Son ADN révèle qu’elle appartenait à un groupe d’humains modernes jusqu’alors inconnu, aujourd’hui disparu, mais dont la lignée contribue encore à nos populations européennes et asiatiques contemporaines.
- Puis celle d’un loup, tout aussi mystérieux, issu d’une lignée aujourd’hui éteinte – ce qui suggère une véritable valse des populations canines à la fin de la dernière période glaciaire, autour de 11 000 ans avant notre ère.
- Enfin, celle d’un bison, dont le génome mitochondrial demeure présent chez les bisons d’Europe et d’Eurasie, mais pas chez leurs lointains cousins nord-américains, preuve que les bovidés aussi ont connu leur lot de déménagements et scissions généalogiques précoces !
Chaque fragment reconstitué complète le grand puzzle de l’évolution, comblant — sans mauvais jeu de mots — bien des trous dans nos connaissances…
La fouille génétique : une révolution à portée de main
Ce n’est pas tant qu’on manquait d’idées : jusqu’ici, la récupération d’ADN ancien reposait largement sur les os, et beaucoup sur la chance. On le devine, nombre de sites archéologiques, comme celui de Satsurblia, regorgent davantage de traces d’activités humaines (outils en pierre, artefacts…) que d’ossements préservés. Résultat ? Un panorama forcément incomplet, au destin dépendant du hasard de la fossilisation.
Grâce à l’ADN environnemental, la donne change du tout au tout. Désormais, même les excréments ou des os réduits en poussière peuvent parler. On a récemment pu, par exemple, extraire de l’ADN d’un ours de cette façon ! Voilà qui offre une nouvelle voie pour étudier non seulement les humains, mais également les écosystèmes entiers, animaux compris. « Nos résultats montrent que le séquençage direct de l’ADN des sédiments peut fournir des données informatives sur l’ascendance et les relations phylogénétiques », confirment les chercheurs. Un peu de terre, une technologie accessible, et nous voilà promus détectives des temps glaciaires.
Limites, précisions… et perspectives grand ouvertes
Un bémol – car il en faut un : si ces trouvailles sont sidérantes, elles n’en restent pas moins délicates à interpréter. L’ADN récupéré est fragmentaire par définition, la contamination n’est jamais loin, et pour savoir si tous ces spécimens partageaient la même colocation (qui ferait, avouons-le, un super pitch de série !), il faudra affiner encore bien des techniques de datation.
Mais qu’on se rassure : la science aime se remettre en question. Les découvertes de Satsurblia laissent entrevoir une nouvelle ère pour l’étude du passé. L’ADN sédimentaire ancien pourrait même, selon l’équipe, ouvrir la porte à l’étude d’écosystèmes entiers, des relations entre espèces jusqu’aux pratiques humaines en matière d’utilisation d’animaux ou de plantes.
Conseil du jour : avant de maudire la poussière sur vos bottes de randonnée, songez qu’elle pourrait contenir le roman familial de toute une humanité perdue. Qui sait, votre prochain voyage pourrait bien vous révéler des voisins de palier plus anciens qu’escompté !



