L’Europe dévoile une constellation Internet par satellite de 10 milliards d’euros pour contrer Starlink
La course à la domination de l’Internet par satellite s’est intensifiée. La Commission européenne a donné son feu vert à un contrat de 10 milliards d'euros pour une constellation souveraine d'Internet par satellite, IRIS². La décision historique, annoncée le 31 octobre, positionne IRIS² comme un concurrent de Starlink de SpaceX et du projet Kuiper d'Amazon.
Dans le cadre du contrat de concession de 12 ans, un consortium européen nouvellement formé, SpaceRISE, développera et exploitera un réseau de plus de 290 satellites sur plusieurs orbites. Le système vise à fournir des services de connectivité gouvernementaux et commerciaux d'ici 2030, ce qui constitue le projet d'infrastructure spatiale le plus ambitieux de l'UE.
Les leaders du secteur s'associent pour former une constellation Internet par satellite
Le consortium SpaceRISE représente une collaboration sans précédent dans le secteur spatial européen. Trois des principaux opérateurs de satellites du continent – SES, Eutelsat et Hispasat – dirigeront l'initiative, soutenus par une équipe de poids lourds industriels. Ils comprennent Thales Alenia Space, Airbus Defence and Space et OHB pour la fabrication, tandis que Deutsche Telekom, Orange, Telespazio et Thales SIX apportent leur expertise en télécommunications.
La formation d'une alliance européenne aussi globale souligne l'importance stratégique du projet IRIS², officiellement connu sous le nom d'Infrastructure pour la résilience, l'interconnectivité et la sécurité par satellite. Selon l'annonce de la Commission, le consortium a mis en place des mécanismes spécifiques pour garantir une sous-traitance compétitive, en mettant l'accent sur l'inclusion des petites et moyennes entreprises dans la chaîne d'approvisionnement. Cette concentration sur les nouveaux entrants pourrait remodeler le paysage de l'industrie spatiale européenne, favorisant un secteur plus diversifié et plus dynamique, a déclaré la Commission.
Le projet IRIS² représente plus qu'un projet technique ; il s'agit d'une démarche stratégique visant à garantir la souveraineté numérique de l'Europe, signalant son engagement à maintenir son indépendance technologique et à sécuriser ses communications.
Cadre financier et perspectives d’avenir
Même si les détails financiers exacts restent opaques dans l'annonce officielle, l'investissement de 10 milliards d'euros sera partagé entre les secteurs public et privé. L'Union européenne et l'Agence spatiale européenne fourniront un financement public, tandis que le consortium SpaceRISE apportera des investissements privés.
Le financement supplémentaire après 2027 dépendra de l’adoption de programmes successeurs et des crédits disponibles, soulignant la nature à long terme de cette entreprise spatiale.
Le déploiement prévu par la constellation de plus de 290 satellites sur différentes orbites représente un projet technologique important. L’approche multi-orbite pourrait fournir une prestation de services plus robuste et plus flexible que les systèmes à orbite unique.
Le moment choisi pour cette annonce est particulièrement important à l’heure où la concurrence mondiale dans le domaine des services Internet par satellite s’intensifie. Avec Starlink de SpaceX déjà opérationnel et le projet Kuiper d'Amazon en cours de déploiement, l'IRIS² européen vise à garantir que le continent ne soit pas laissé pour compte dans la course à l'Internet spatial.
Alors que la Commission européenne s'apprête à finaliser l'accord de concession d'ici décembre 2024, le projet est susceptible de transformer le paysage européen de l'espace et des télécommunications. Le succès d'IRIS² pourrait garantir la souveraineté numérique de l'Europe et établir de nouvelles normes pour la collaboration internationale dans le développement des infrastructures spatiales.
L'accent mis par le projet sur les services gouvernementaux et commerciaux suggère une approche équilibrée de la durabilité, créant potentiellement un modèle commercial viable qui pourrait soutenir des opérations à long terme au-delà du financement public initial.